Générations de femmes ingénieures : paroles d'Astrid et de sa grand-mère Arlette, diplômées de l'EPF

Mis à jour le 12/03/2024
Les pages de l'histoire de l'ingénierie ont été marquées par des femmes pionnières qui ont bravé les stéréotypes de genre pour faire carrière dans des domaines longtemps réservés aux hommes.

À travers les témoignages d'Astrid (P2024) et de sa grand-mère Arlette (P1968), plongeons dans le récit évolutif de la place des femmes ingénieures, du passé au présent.
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Arlette et Astrid

Braver les obstacles des stéréotypes

Les débuts professionnels d'Arlette Rometti dans le monde de l'ingénierie à la fin des années 1960 étaient marqués par des préjugés de genre. "En 1968, les femmes ingénieures étaient plutôt mal vues, disons-le clairement ! On préférait les hommes ingénieurs," partage-t-elle. Cependant, son succès aux concours pour intégrer l'EPF quelques années auparavant avait déjà été une victoire sur ces préjugés. "Imaginez une promotion de 150 femmes qui, en 1964, veulent devenir ingénieures. Il y avait une certaine ambiance ! C’était des femmes qui en voulaient, qui se démarquaient. Il y avait une très bonne ambiance et j’en ai gardé des très bons souvenirs ! Pas de doutes là-dessus !"

Astrid, la petite-fille d'Arlette et future diplômée en 2024, a choisi l'EPF pour son caractère généraliste et familial. "Moi ce qui m’a amenée vers l’EPF, c’est que je savais que je voulais faire une école d’ingénieurs, […] et l’EPF avait ce côté généraliste, évidemment, qui m’attirait beaucoup " partage-t-elle. Ayant passé le Concours Avenir, elle se destinait d’abord à la filière ingénierie & Santé, mais a finalement opté pour le Génie Civil. "L’EPF est aussi une école réputée pour être assez mixte, et un vrai autre argument était que ma grand-mère avait fait l’EPF donc j’ai un peu suivi sa voie."

L'évolution de la place des femmes dans l'ingénierie

Arlette partage ses souvenirs de son expérience aux États-Unis dans les années 1970. "J’ai travaillé dans une boîte d’ingénierie, Bechtel, à San Francisco. C’était dans un secteur informatique balbutiant, au début des années 1970. Je me sens dinosaure de l’informatique !" se rappelle-t-elle. À cette époque, les femmes ingénieures étaient peu nombreuses. "Des femmes… Un petit peu en informatique, il y en avait quelques-unes… Mais dans cet immeuble plein d’ingénieurs y avait très peu de femmes. Je peux pas dire qu’on était mal considérées. On était peut-être regardées avec un petit peu de surprise : « Ah tiens elles peuvent faire de l’informatique ? ». Au début des années 1970, on était encore un peu des bêtes curieuses."

En revanche, Astrid souligne l'atmosphère inclusive à l'EPF, jusqu’à soutenir l’orientation des jeunes femmes dans des domaines traditionnellement masculins comme le génie civil. "Moi, je veux faire du génie civil et c’est un milieu qui est particulièrement vu comme masculin. […] Ça m’intéresse aussi parce que c’est un milieu qui n’est pas forcément extrêmement favorable aux femmes et c’est challengeant !"

Conseils aux étudiantes intéressées par l’ingénierie

Arlette partage deux conseils basés sur sa propre expérience. "Ne pas hésiter à créer et entretenir les réseaux," conseille-t-elle, soulignant l'importance des connexions professionnelles. "Aujourd’hui avec les réseaux sociaux c’est beaucoup plus simple, mais dans les années 1970 cela n’existait pas ! C’est quelque chose que je n’ai pas suffisamment fait et comme nous avons été amenés à bouger des États-Unis à la France, retour États-Unis, re-France… Lorsque je changeais de poste cela m’était plus compliqué d’avoir ce réseau de connaissances, de relations. Et je pense que je ne l’ai pas assez cultivé et que c’était une erreur. C’est quelque chose à ne pas négliger." Mon deuxième conseil est de ne pas se limiter en se disant : « je vais faire ma carrière dans telle boîte à tel endroit ». On a travaillé dans au moins 3 pays différents avec mon mari et sincèrement je ne le regrette pas. Ça nous apporte une ouverture, ça nous apporte tellement plus ! C’est enrichissant d’aller ailleurs et de voir comment ça s’y passe."

Astrid, s'adressant aux lycéennes hésitant à suivre une école d'ingénieurs, encourage à "ne pas voir ça comme une manière d'être limitée, mais plutôt comme un argument pour prouver aux autres qu'on peut être une fille et ingénieurE."

Merci à Astrid Dubois (P2024), et à sa grand-mère, Arlette Gaulene ,née Rometti (P1968) pour cette rencontre et pour ces échanges.

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