Laurence Loth, facilitatrice de transformations digitales et alumni EPF

Mis à jour le 25/01/2022
Entrepreneure en conduite de changement, développement managériale et innovation, Laurence Loth, diplômée de l’EPF en 1989, cultive un véritable savoir-faire après 30 ans d’expérience, notamment dans le marché de l’IT. Entretien avec une femme de challenges au parcours inspirant.
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Laurence Loth - alumni EPF

Quel est votre parcours d’études précédant votre entrée à l’EPF ?

J’ai grandi dans le Loir-et-Cher. Étant donné que j’habitais une petite ville, j’ai dû effectuer mon parcours lycéen en internat à Blois où j’ai pu obtenir mon baccalauréat scientifique. Je suis ensuite montée sur Paris. Je ne savais pas encore ce que je voulais faire même si j’étais déjà orientée sur la partie ingénieur versus commerce. J’ai effectué une première année à Sudria où je ne me suis pas vraiment épanouie car il s’agissait davantage d’une école préparatoire. On nous mettait beaucoup de pression, avec beaucoup de maths et de physique. Puis au cours de l’année j’ai été amenée à rencontrer des personnes qui m’ont fait découvrir l’existence de l’EPF. Je suis allée visiter le campus de Sceaux et j’ai choisi d’y bifurquer en 1984 en intégrant le cursus ingénieur généraliste de l’EPF, avec une spécialisation en informatique de gestion.

 

Quels souvenirs gardez-vous de votre parcours à l’EPF ?

J’en garde de très bons souvenirs. À l’époque, la promotion était constituée uniquement de filles, jusqu’en 1988 où l’école est passée à un cursus en cinq ans. C’est pourquoi j’ai été diplômée en 1989. Je me souviens d’une ambiance plutôt sympa, des cours à la fois sérieux et variés. Nous n’étions pas dans l’esprit de compétition mais le faire ensemble. J’ai découvert le code informatique, effectué mes premiers stages ou encore participé à des activités extrascolaires telles que la création d’un club d’investissement. On s’auto-formait à placer des fonds pour investir en bourse.

« J’ai travaillé sur un tas de sujets innovants qui m’ont nourrie »

 

Une fois diplômée, quel premier métier avez-vous exercé ?

Je n’avais pas encore une idée très claire du métier que je voulais faire. Cela s’est fait plutôt par opportunité. À la sortie de l’école en 1989, je suis rentrée chez Bull, une grande entreprise française dans l’informatique professionnelle qui concevait des ordinateurs et accompagnait ses clients à travers du service. J’ai commencé par suivre une formation interne de quatre mois. J’étais alors ingénieure dans l’installation de bases de données Oracle et des serveurs que fabriquait l’entreprise. Puis je me suis spécialisée dans la gestion électronique de documents et l’avant-vente. J’ai pu notamment gérer un gros projet pour une centrale nucléaire. Puis j’ai eu envie de passer davantage de temps sur la partie vente et commerce car j’aime le contact. L’avantage des grandes entreprises, c’est que l’on a la possibilité d’évoluer et de changer de poste. C’était l’époque où SAP, l’un des plus grands éditeurs de logiciels de gestion de processus métier au monde, arrivait en France. J’ai passé deux nouvelles années extraordinaires avec beaucoup d’autonomie dans mes missions. J’ai énormément appris, avec des opportunités incroyables en termes de business. J’ai bouclé cette expérience très enrichissante chez Bull en 1998.

 

Comment avez-vous évolué professionnellement par la suite ?

J’ai été chassée par Sun Microsystems, un constructeur d'ordinateurs et éditeur de logiciels américain en pleine expansion. L’entreprise avait alors des velléités pour se développer dans le domaine du service. J’ai été recrutée pour développer cette partie service grâce à mes acquis chez Bull. On m’a confié tout un tas de missions. J’ai pu vendre des technologies de serveur, lancer des nouveaux programmes. Avec notre petit noyau en France, il y avait une ambiance start-up au sein d’un grand groupe. J’ai développé des programmes et des services avec nos partenaires, travaillé avec des technologies très innovantes qui venaient de Cray, une grosse société américaine. J’ai travaillé sur tout un tas de sujets innovants qui m’ont nourrie. Je changeais chaque année de périmètre d’activité.

Puis je suis passée manager en 2003 en charge d’une équipe d’experts dédiés à l’accompagnement de nos partenaires dans leur capacité à vendre nos serveurs. Puis il y a eu l’arrivée des serveurs x64 qui a impliqué un nouveau positionnement et de nouvelles missions : j’étais chargée de monter une équipe et d’assurer le lancement de cette activité en France. En 2010, Sun est racheté par Oracle. Je travaille alors sur la phase d’intégration des équipes avec une dimension internationale avec un changement de culture important. Nous avons dû réorganiser nos modes de fonctionnement. J’étais responsable d’une équipe de la zone Europe, Middle Est et Afrique. Avec mes équipes, j’ai effectué un gros travail de transition auprès des clients. Jusqu’en 2017 où j’ai vraiment eu envie de faire autre chose. J’avais la sensation d’avoir fait le tour de mon activité et d’avoir envie de faire autre chose.

« Ce qui fait la différence avant tout, c’est l’humain »

 

C’est-à-dire. Quel a été le déclic ?

En vérité, dès 2015, j’ai choisi de faire un Exécutive Master de 18 mois à Sciences Po sur les humanités digitales. J’ai pu aborder d’autres périmètres, sociologiques, économiques et politiques. Cela m’a ouvert un champ intéressant car mon souhait était de me recentrer sur l’humain en parallèle de mon savoir-faire technique. C’est pourquoi, en novembre 2017, j’ai décidé de me mettre à mon compte en tant qu’auto-entrepreneure avec l’objectif d’accompagner les entreprises dans leur transformation digitale. J’ai fait cela pendant un an, jusqu’au jour où mon mari a finalement décidé de voler de ses propres ailes. Il est également dans le domaine de l’IT sur la partie développement commercial. C’est comme cela que l’on a transformé mon auto-entreprise pour héberger nos deux activités, en créant Homadera en 2018. Nous sommes dans l’accompagnement des transformations organisationnelles, culturelles, digitales, centré sur l’humain. Que cela soit sous la forme de conseil, de coaching, de formation, de facilitation, nous aidons les entreprises à libérer leur potentiel humain, à développer une innovation créatrice de valeur et à tirer parti du digital pour contribuer à une croissance durable. Nous travaillons aussi bien avec des PME et des petites structures que des grands groupes. J’anime beaucoup d’ateliers en entreprise avec des managers. Je suis vraiment épanouie car j’ai trouvé un métier qui me permet de contribuer à donner du sens tout en alignant l’ensemble de mes savoirs-faire, de mes valeurs et de mes centres d’intérêt.

 

De ces 30 ans d’expériences riches et variées, qu’en retenez-vous en guise de conseils pour aider nos étudiants à se projeter ?

Je dirais que les écoles d’ingénieurs formatent très bien les esprits. Je dirais que des études d’ingénieur ouvrent le champ des possibles. On nous apprend à raisonner, à réfléchir, à analyser. Je n’ai pas hésité à relever des challenges en permanence et à faire des choses très différentes. Cela m’a donné une énorme agilité, une facilité à rebondir et m’adapter. Et je me rends compte aujourd’hui que c’est un atout, surtout dans le monde incertain et complexe dans lequel nous sommes. J’accompagne les entreprises sur ces sujets-là. Cela vient à la fois de ma mentalité et mon habilité à gérer un collectif. Il faut une agilité mentale et structurelle pour pouvoir faire face à cette incertitude. J’ai toujours été passionnée par tout ce qui est innovation et intelligence collective. La force du collectif, quand on la gère correctement, est d’une puissance extraordinaire. Je dirais donc que c’est aussi cela la clé du succès, être capable de créer de la valeur ensemble. Il ne faut pas sous-estimer la dimension humaine. Les jeunes diplômés ont la tête bien faite, riche de plein de connaissances. Mais ce qui fait la différence avant tout, c’est l’humain. L’individu. Ses qualités humaines, sa capacité à prendre en compte l’avis de ses collègues, etc. Enfin, j’ai toujours continué à me former tout au long de ma carrière. Comme un apprentissage permanent.

 

Êtes-vous toujours en lien avec les projets pédagogiques de l’EPF ?

Oui, je regarde attentivement l’évolution de l’école. Il y a eu des évolutions intéressantes avec de nouvelles options, l’internationalisation des parcours, etc. L’EPF a pris une très belle dimension. Je vois que le réseau des alumni se réactive. J’ai également décidé de donner de mon temps à travers des ateliers que je propose chaque mois en ligne. Je vais également donner des masterclass pour la majeure de management en 4e année. Je fais enfin du coaching d’équipe en 4e année avec un professeur en gestion de projets, pour des projets en open innovation.

 

Quels sont vos projets majeurs pour 2022 ?

Continuer à développer mes ateliers et mes formations pour les managers. Je vais poursuivre mes missions d’accompagnement et de conseil pour les entreprises pour leur permettre d’avancer dans leur développement. En ce début d’année, j’accompagne notamment des managers d’une entreprise dans le domaine bancaire. J’ai également récemment lancé une nouvelle activité de coaching individuel et je vais développer cette activité pour pouvoir accompagner ceux qui en ressentent le besoin.

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